3- La charge du fourneau et la mise
à feu.
Les charges pouvaient varier d'une vingtaine de kilos de poudre noire,
pour faire jouer un camouflet, à plusieurs tonnes d'explosifs brisant
acheminés par charges fractionnées préparées à
l'avance.
Ces charges étaient placées dans la chambre de mine, au fond
du petit rameau.
Le mineur procédait alors au bourrage pour opposer à l'action
des gazs, du côté des communications, une résistance supérieure
ou au moins égale aux résistances à vaincre dans le sens
où on veut agir.
Le bourrage est constitué par des matériaux (terre glaise, briques
crues, terre, terre et gazon, sacs de terre) entre lesquels on interpose,
de distance en distance des masques en bois (plateau épais en madriers).
Au point de vue de l'étanchéité, le meilleur bourrage
est constitué par des boules d'argile humides pour se souder les unes
aux autres et coller aux parois.
A défaut d'argile, les briques crues, dont on remplit les interstices
avec de la terre, peuvent donner de bons résultats.
En ce qui concerne la longueur du bourrage, celle-ci dépend dans
le cas de la poudre noire de la charge utilisée:
Charges |
50 kg
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100kg
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150kg
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200kg
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300kg
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500kg
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700kg
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1 tonne
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2 tonnes
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Bourrages |
4m50
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6m
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7m
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7m50
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9m
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10m50
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12m
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13m50
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16m50
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Pour les charges intermédiaires on opère par interpolation.
Dans le cas d'un chargement de la chambre à la mélinite,
le bourrage se compose d'un masque de fermeture à double épaisseur
étayé et d'une longueur de 1 mètre seulement de terre
et de sable.
Le bourrage est traversé par une mèche lente (Cordeau Bickford)
ou un cordeau détonant à la mélinite permettant la mise
à feu de la charge à distance.
4- Profondeur
On réalise le maximum de puissance offensive ou défensive
lorsque l'on tient tout le terrain accessible au mineur.
On aura donc un, deux ou même trois étages de galeries, suivant
la profondeur utilisable. A la fin de la guerre, on atteindra des profondeurs
de près de 40 mètres et même plus (les allemands atteindront
les 100 mètres de profondeur en 1918 à Vauquois !).
5- Distribution des éléments
du système.
Lorsqu'une attaque à la mine est décidée, on ne se
contente pas de creuser une galerie unique en direction de l'ouvrage à
détruire, mais on crait un système de galeries dont les éléments
doivent s'appuyer réciproquement.
Il convient absolument de garder les flancs de ce système à
l'aide de rameaux branchés sur les cheminements extrêmes ou encore
à l'aide de forages.
Les différentes galeries du système peuvent être reliées
par des transversales qui facilitent du même coup la ventilation du
système de mine. Cependant, ces transversales présentent des
inconvénients certains: danger d'infection de tout le sytème
pendant un temps assez considérable en cas d'explosion ennemie réussie,
grande vulnérabilité de la transversale lorsqu'elle est trop
rapprochée de l'ennemi.
Il convient donc de proscrire les transversales réunissant tous les
éléments du système et de ménager une marge suffisante
entre la transversale et la limite d'action possible des fourneaux ennemis.
Le départ des différentes galeries de mine devra être
placé en arrière de la première ligne de tranchée,
malgré le supplément de travail qui en résulte et ce
afin:
- d'éviter tout gêne pour la circulation des troupes d'occupation
et des travailleurs,
- d'éviter toute gêne pour les évacuations,
- d'éviter que le système ne tombe aux mains de l'ennemi en
cas d'irruption de celui-ci dans les tranchées de première ligne.
On ne partira exceptionnellement de la tranchée de première
ligne que lorsqu'il sera indispensable de gagner rapidement du terrain en
avant.
En cas d'attaque importante, une disposition avantageuse consiste à
établir le logement des mines en galerie majeure (2m x 2m) suffisamment
enterrée pour être à l'épreuve des projectiles
de gros calibre. On pourra y installer, outre un abris pour une partie des
troupes de service, divers organes nécessaires pour la bonne marche
des travaux (poste de Commandement pour l'officier de service, avec poste
téléphonique, poste de secours, dépôt d'appareils
de sauvetage, dépôt d'explosifs.).
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