HISTOIRE DE LA CAMPAGNE 1914
ET DES BATAILLES AUXQUELLES J'AI ASSISTE

 

Gaston SICOT

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Dimanche 2 août 1914

Le 2 août premier jour de la mobilisation générale. Le matin réveil à 4heures du matin. il faut rendre tous les effets au magasin. C'est d'abord un fouilli pitoyable dans les chambres, tout s'entassant pêle mêle. Nous nous habillons en tenue de campagne et quand nous sommes prêts le Capitaine nous passe encore une revue mobilisation avec tout ce que nous devons emporter. Là encore le Capitaine refuse beaucoup d'effets et au magasin nous n'en trouvons pas de meilleurs. Enfin la revue terminée qui a duré 2 heures, nous nous mettons à faire les ballots jusqu'à 10 heures et demi ; là une demi heure pour déjeuner et à 11 heures reprise du travail.
Comme nous devons partir à midi, trois hommes par section sont désignés pour rester à finir les paquets et je suis de ceux là. Jusqu'à 4 heures nous travaillons à nettoyer les chambres. Quand tout est fini ceux qui restent partent sous la conduite du fourrier VISSE qui nous quitte après être sorti de SAINT MAUR et il nomme Robert le commandant de la petite troupe.
Arrivé à VINCENNES nous prenons le tramway VINCENNES-BASTILLE et en route. Tout le monde qui se trouve sur le passage du tram nous fait des signes d'adiaux. Arrivé à la place de la Bastille nous descendons et nous allons retrouver les camarades au vieux dépôts des omnibus boulevard de la bastille. La nous cantonnons dans des greniers. Immédiatement je me déséquipe et vais dire au revoir à mon oncle George. Il insiste pour que je mange un morceau et à 8 heures je me dirige à mon cantonnement car le Sous-Lieutenant nous a recommandé de rentrer à 8 heures et demi. le métro ne marchant plus je rentre à toute vitesse par le plus court tout en constatant que les devantures des laiteries Magie se sont brisées. Je rentre avec REPUSSARD que j'ai apercu dans un café et je me couche dans la paille sans autre incident.

 

Lundi 3 août 1914

Le reveil à 8 heures et je suis désigné pour prendre le service à la gare de BERCY, nous nous rendons à REUILLY et un officier de réserve prend le commandement et en route. la journée se passe sans ennui car ce n'est que des réservistes rejoignant leurs corps. Nous assistons à des scènes vraiment pénibles. Des jeunes femmes, des mères accompagnant parents et amis pleurent. D'aucune même s'évanouissent. Toute la journée, les passants nous offrent à boire. Plusieurs qui ne savent pas vivre rentrent le soir en très mauvais état. Les passants ne leurs ménagent pas leur dégout et les traitent assez mal

 

Mardi 4 août 1914

Le matin réveil à 5 heures. La journée se passe bien, les réservistes arrivent. Ils sont habillés. Ils n'attendent que leur fusil qui leur est distribué le matin. L'après-midi repos.

 

Mercredi 5 août 1914

Le matin réveil à 5 heures et ordre de se mettre en tenue pour la présentation du drapeau boulevard Poniatovski. Nous nous rendons sur le boulevard et sous une pluie battante la présentation a lieu suivie d'une allocution du Colonel qui provoque un tonnerre d'applaudissements de la foule qui est enthousiasmée. le retour a lieu par la porte de VINCENNES et nous entrons à la caserne REUILLY ou la présentation du drapeau a lieu encore une fois. Le public qui est dans la rue éclate de nouveau en applaudissements et le Colonel nous donne rendez-vous pour le soir car nous partons dans la nuit. L'après midi se passe à vider un magasin de cuir. Le soir presque tous sortent et beaucoup rentrent très tard. Moi je me couche de bonne heure.

 

Jeudi 6 août 1914

Réveil à minuit et en tenue pour partir. A 1 heure arrivée à la caserne de REUILLY. Nous attendons que le bataillon soit rassemblé pour partir à la gare de PANTIN où nous devons embarquer. Là le Capitaine se fait réprimander par le Colonel car il arrive en retard pour la raison qu'il à voulu visiter le cantonnement après que nous sommes partis. Enfin a lieu le garde à vous suivi de "Au Drapeau" et après nous partons par les rues noires ayant musique en tête et aux accents du chant du départ. de toutes les fenêtres les gens éveillés par la musique ne cessent de crier "Vive la France, Vive l'armée et Vive le Drapeau". Après plus de deux heures de marche sans arrêt nous arrivons enfin au lieu d'embarquement. le jour se lève. Je suis désigné pour faire parti de l'équipe qui doit mettre les voitures sur les wagons. Cela se fait assez bien et quand nous allons rejoindre nos camarades de section il n'y a plus de place mais le Sergent OURVOIS se débrouille et nous trouvons un wagon où il n'y a personne. Nous sommes un dizaine. De cette façon nous n'avons pas été gêné du trajet. Le train part à 5 heures. Un employé dit que le but est TROYE. Mais arrivé là à 11 heures a avoir passé tout notre temps à la portière, nous filons à toute vitesse direction Camp de MAILLY où nous passons à 2 heures mais n'arrêtons pas. VITRY-LE-FRANCOIS passe, on s'arrête un peu. Je réussi à prendre 1 litre à la gare. Le clairon sonne il faut repartir. Et toujours plus loin, à un arrêt, des dames de la croix rouge nous donnent un peu de vin méler d'eau. Ils nous annoncent que BAR-LE-DUC est à 40 kilomètres. En effet à 7 heure et demi du soir nous y sommes. là nous voyons un train d'alsaciens et aussi quelques dragons avec des bonnets de police de soldats bavarois. Un peu après nous repartons et chacun se fait une place pour dormir un peu. A 10 heures du soir nous arrivons à SAINT MIHIEL et nous dormons. Ordre est venu de descendre. C'est là qu'on débarque, l'équipe descend les voitures et l'on attend environ une heure, ensuite départ. Nous traversons SAINT MIHIEL et allons coucher dans la caserne du 40ème d'Artillerie.

 

Vendredi 7 août 1914

De minuit à 7 heures du matin je ne fait qu'un somme, en tenue et départ. Avant de partir un peu de pain est distribué à chaque. Beaucoup se plaignent de n'en avoir pas assez. on part, on fait environ 15 kilomètres et c'est à un petit pays appelé VARNEVILLE qu'on s'arrête. il pleut beaucoup. le pays est très sale. Les tas de fumier sont devant les maisons et jusque dans la rue. L'après-midi repos, revue.

 

Samedi 8 août 1914

Le matin réveil à 6 heures et le Capitaine annonce une revue de chaussures. La deuxième dans mes pieds et l'autre devant nous, les armes bien nettoyées. Comme résultat rien. Il n'a même pas regardé et nous a entretenu toute la matinée à nous fatiguer et à nous dire des bêtises. L'après-midi nous allons faire des tranchées et nous sommes bien mouillés. A la nuit ordre de rentrer. l'on mange et nous nous couchons dans la paille.

 

Dimanche 9 août 1914

Le matin le temps s'est mis au beau et c'est sous le soleil ardent que nous partons faire des tranchées. l'on passe auprès d'une ferme allemande que le propriétaire a abandonnée, la laissant aux soins de sa femme et de ses enfants. A 8 heures avec les outils du génie nous nous mettons au travail sous les ordres du Capitaine LOUTRE Commandant la 4ème Compagnie. A 11 heures arrêt pour le déjeuner et l'on recommence à 1 heure. Je suis fortement fatigué de cette chaleur. Beaucoup de camarades ne travaillent plus. Mais l'officier payeur nous apprend que