Conditions générales
d'emploi de la mine

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Guerre des Mines
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Avant la première guerre mondiale, on ne concevait l'emploi de la mine que dans le cadre de la guerre de siège.

Certains éléments des ouvrages attaqués (organes de flanquement...) échappant à la destruction par le canon, on les attaquait par la mine. L'assiégé se défendait par des contre-mines.

Mais dans la lutte souterraine qui s'engageait ainsi, l'assiégeant, disposant de moyens supérieurs en personnel, matériel, explosifs, devait finir par l'emporter. Son succès constituait pour l'assiégé un échec grave: perte d'un organe de défense important, perte d'un terrain précieux.

Ce qui donnait, en définitive, dans la guerre de siège, un caractère et un intérêt particuliers à la guerre des mines c'était:

- des objectifs importants, parfaitement définis et fixes,
- l'importance du terrain gagné
- la supériorité de moyens de l'assaillant.

Il en est tout autrement pendant la Grande Guerre:

- les objectifs de l'ennemi n'offrent pas d'objectifs d'importance vitale,
- il importe peu de perdre quelques mètres de terrain, on se rétablit aisément en arrière,
- les deux partis disposent de ressources analogues.

Dans ces conditions, quel rôle peut avoir à jouer désormais l'attaque à la mine ?


Tout d'abord, puisqu'on ne trouve pas, dans la rayon d'attaque possible, d'objectifs suffisamment importants pour que leur destruction justifie, à elle seule, des travaux de longue haleine, les attaques à la mine devront toujours être liées à une action offensive plus ou moins étendue.
Les objectifs à viser sont naturellement ceux qui échappent plus ou moins complètement à l'action de l'artillerie: organes de flanquement sur lesquels on ne peut diriger un tir suffisamment précis, points d'appui importants de la première position ennemie que l'Artillerie ne pourrait arriver à bouleverser assez complètement (villages, portions de terrain fortement organisées avec abris profondément enterrés etc...)
C'est par un examen attentif de la valeur défensive des différentes parties du front nnemi que l'on se propose d'attaquer et des possibilités d'attaque sur chacune de ces parties, que l'on pourra discerner les points sur lesquels il y aurait intérêt à appliquer la mine.

Mais d'autres considérations interviennent dans le choix des objectifs:

Les chances de succès d'une attaque à la mine sont variables avec:

1- La nature du terrain qui peut dans une mesure plus ou moins grande:

- opposer un obstacle à l'exécution des cheminements (roc dur, terrain humide...)
- favoriser une progression facile (couches faciles à travailler). La rapidité d'exécution est ici, comme dans toute opération de guerre, un élément de succès.
- permettre d'aller à l'attaque en forces (terrain fouillable sur une grande épaisseur et où l'on peut partir à l'attaque avec plusieurs étages de galeries, situation favorable en cas de rencontre avec l'ennemi).
- permettre de progresser sans éveiller l'attention de l'ennemi (terrain peu sonor ou dans lequel on peut cheminer à grande profondeur).

2- Les formes du terrain, qui donnent plus ou moins de facilités:

- pour reprednre de la profondeur (on est évidemment dans des conditions plus favorables pour entrer en galerie sur une pente ascendante que sur une pente descendante),
- pour évacuer les déblais et les dissimuler (l'existence à proximité des entrées en galerie de couloirs défilés, de bois, sera avantageux à cet égard).

3- Les probabilités que l'on a d'atteindre le but fixé sans avoir éveillé l'attention de l'ennemi:

En outre, il est souhaitable de ne pas rencontrer l'ennemi en route. Si l'on est contraint d'eganger une lutte souterraine, il est possible, même si on prend l'avantage, que l'on perde la liberté de produire les destructions désirées au moment voulu.



4- La distance qui sépare les lignes adverses

Les difficultés des travaux de mine (évacuation des terres, ventilation, etc...) augmentent très rapidement à mesure que l'on s'éloigne de l'entrée en mine. C'est pour cette raison que la portée des attaques a, au début, rarement dépassé 100 à 150 mètres. Il n'est nullement impossible d'entreprendre des travaux à plus longue portée mais à condition que les objectifs à atteindre présentent un intérêt particulier et que les conditions d'exécution soient particulièrement favorables.

 

En raison de la lenteur d'exécution des travaux de mines, on ne peut envisager leur emploi que dans la première phase d'une offensive d'ensemble, pour l'enlèvement de la première position ennemie.

Les travaux de mines peuvent avoir deux buts différents:

- un but offensif,
- un but défensif.

Dans le cas d'une guerre de mines défensives, le but est d'empêcher l'ennemi de pousser des galeries de mines contre nos lignes et d'y provoquer des explosions. Dès que l'ennemi aura rapproché ses sapes ou ses boyaux à environ 150 mètres de nos positions, il faudra creuser des galeries de mines (surtout aux saillants). On les poussera à 50 mètres au moins en avant et en tout cas jusqu'au delà de nos réseaux.
Le nombre et l'intervalle des galeries seront tels qu'ont ait la certitude de découvrir tout progression d'une galerie ennemie vers nos tranchées.
Dès qu'un poste d'écoute constatera un travail ennemi à proximité de nos galeries, on fera jouer un camouflet (petit fourneau sous chargé, donc sans effet extérieurs, que le mineur pratique du côté du mineur ennemi et qu'il fait jouer lorsqu'il juge qu'il n'en est plus séparé que par une épaisseur de 2 à 4 mètres pour le frapper par l'explosion ou le forcer à la retraite).

Par contre, dans le cas d'une guerre de mines offensives, le but est d'enlever certaines parties de la position adverse (saillants) ou de reprendre des tranchées enlevées par l'ennemi. On emploiera de fortes charges afin de produire des entonnoirs qui permettront de couper et d'isoler les garnisons ennemies et qui pourront aussi servir de point de départ pour des attaques ultérieures.

 

Surveillance de l'ennemi:

L'observation des travaux superficiels sur le terrain et sur photographies, permet parfois de repérer les entrées de mines de l'ennemi.
En Artois, on a pu situer exactement des sapes de l'ennemi par les buées qui se dégageaient le matin des trous d'aération.
En Champagne, des entrées en galerie ont été révélées par la fumée qui s'en dégageait à la suite d'explosions.
Pour le cas de rencontres avec les travaux de l'ennemi, il faut:
- avoir les moyens de barrer un rameau (chevaux de frise, sacs à terre rendus solidaires au moyen de liens en fil de fer, masques organisés de manière à être rapidement mis en place et fixés du côté opposé à l'ennemi).
- armer les sapeurs de pistolets automatiques et de couteaux, mettre à leur portée un petit approvisonnement de grenades suffocantes.

Côté allemand, chaque galerie est occupée en permanence par une sentinelle munie d'un révolver, d'un poignard et d'un cable et disposant de charges explosives. Si l'ennemi vient à percer la paroi de la galerie, la sentinelle jette son cable autour de l'outil de forage du sapeur ennemi et l'attire à lui ; il tire des coups de révolver dans le trou de forage puis y introduit la charge et y met feu.

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